40 portraits pour illustrer
la vie de 35000 locataires

par Antoine Rufenacht
Maire du Havre
Président de la CODAH

PHOTO : PHILIPPE BRÉARD

Trop ou trop peu ? L’exercice est périlleux, car des milliers de personnalités très diverses se croisent chaque jour au sein des seize mille logements de notre office HLM.
« Pourquoi lui ? Pourquoi elle ? Moi, je la connais, elle n’est pas du tout comme cela… ». Peu importe. Nous n’avions pas pour objectif d’enjoliver la vie régnant au sein de ces logements, ni censurer un quotidien pas toujours rose….
Replacer l’humain au coeur de l’habitat, lui donner la possibilité de s’exprimer, de se raconter tel qu’il est… ou tel qu’il se voit, à travers un portrait sincère et sans frontière, fut notre ligne de conduite. L’origine de ces habitants fait la richesse de cet habitat : de Rafika, handballeuse de classe internationale à Irénée l’ancien docker à la volonté herculéenne ; de Saïd, Comorien d’origine, ambassadeur des opprimés, à Louise, conseillère dans une banque havraise et compagne d’un policier, vous l’aurez compris la diversité constitue le maître mot au sein de nos HLM.
Mais aussi, et surtout, l’intégration et la solidarité.
Alors, parmi ces centaines d’histoires à raconter, il n’y avait que l’embarras du choix.
« Un livre sur nous, tiens, quelle drôle d’idée… ». Et puis très vite, les langues se sont déliées, les portes se sont ouvertes. Les âmes aussi, les souvenirs remontés très vite à la mémoire, les bons et les moins bons. Presque une évidence... De tout sens, si un office HLM devait prendre l’initiative, totalement novatrice, de raconter ses habitants, seul Le Havre pouvait s’y atteler. Car, c’est bien un Havrais d’origine alsacienne, Jules Siegfried, qui fit voter en 1894, la loi portant son nom, encourageant la création d’organismes d’Habitations à Bon Marché par le biais de facilités de crédits et d’exonérations fiscales.
Alors député de Seine-Inférieure, et très préoccupé des conditions misérables dans lesquelles vivent à cette époque nombre de Français, il proposa au Parlement de donner possibilité à la Caisse des Dépôts d’utiliser ses fonds pour financer des programmes de logements à loyers modestes. Dès 1877, dans un ouvrage intitulé La misère, mon prédécesseur, car il fut aussi Maire du Havre, écrivait sa préoccupation des autres « Nul homme de coeur ne peut rester indifférent au problème douloureux que la misère renferme et chacun doit s’occuper des classes pauvres pour tâcher d’améliorer leur sort…». Cet homme politique, très en avance sur son temps, se risqua aussi sur un autre terrain, plus glissant celui-ci : en 1919, il fit voter à la Chambre des Députés un projet de loi instituant le droit de vote des femmes. Moins populaire que sa loi sur le logement social, celle-ci rencontra le rejet clair et net du Sénat !

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